Bernard,
Dans ta vie pleuvent les contraires :
La course folle des infirmières,
Ou une écoute du moindre pas ;
Une psychose sanitaire,
Ou une présence que rien n’abat.
Sur un marché, ton ex-femme
S’approche d’une jeune poète
Elle vient sortir tout feu tout flamme
La justice des oubliettes :
« Nounours, homme de lettres, homme de coeur,
Encastré sous tutelle comme un malfaiteur
inapte à vivre sans fauter,
Nounours emprisonné, jeune fille,
Et moi qui m’égosille à l’extraire du mouroir !
On le laisse blafard dans l’obscurité médicale,
On l’habille, on l’affale,
Bouches cousues derrière les muselières, on le laisse paupières
closes
Et tout ce qu’il propose, tout ce que j’entreprends
Se voit vilipendé et omis sur le champ !
Je suis sorcière, et lui déchet, mademoiselle,
Ils mettent au bûcher toutes les paires d’ailes,
Tout ce qui se consume pour la liberté…
Mais je continuerai !
Nounours joie, vaillant, vacances,
Nounours passionné embrassant l’existence
dont on l’a dépourvu,
Vers là tend mon effort ; je ne m’avoue pas vaincue ! »
Cette femme de rouge vêtue, Bernard,
M’a laissée fort songeuse ;
Elle m’a montré que les joues creuses
de ta douleur impermanente
Côtoient la force étincelante
D’un amour qu’on n’éteindra pas
Ta solitude
Toute relative
Dans les eaux vives
De Magda