Le déserteur


Au vent, l’épouvantail
S’anime et prendrait bien la poudre d’escampette
Sur la vieille bicyclette garée dans le fossé.

Mais le champ est scruté par un paysan droit,
Qui ne concevrait pas pour un sou l’évasion.
Coincé dans la torpeur de l’imagination,
Épouvantail trépigne :
« C’est tellement d’horizons qui soufflent dans ma paille,
Et tellement peu de failles pour fuir à la sauvette !
Pourriez-vous, jeunes merlettes qui mangez les cerises,
Aller faire la bise à des fruits moins gardés ?

Ainsi, je serai libre, enfin à l’équilibre
Sans dépendre d’un mât raidissant mes émois !
Je laisserai ma chemise, mes bottes et mon gros nez ;
L’humain n’y verra rien, et vous, dans le secret,
Rirez des étourneaux encore tout effrayés.

« Le vent se lève », dit Valéry, alors,
En route ! »
        . . .
– Déjà parti –

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